Visite à l’hôpital


On se cherche un appartement à Shanghaï les fins de semaine, étant donné que Yann travaille la semaine. Visite à Shanghai terminée, recherche peu concluante, on s’en va à Chan Zhou, immense ville qui ressemble à un parc industriel de 2 millions de personnes. Yann doit y travailler deux jours. On a pris le train en 3e classe, c’était très bien, on est arrivés à l’hôtel Jin Jian à Chen Zhou et chacun partait de son côté. Moi, je devais plancher sur cette scène de Québec, vue de la rivière Saint-Charles avec en arrière plan le stade de baseball et la tour Craven A. Après avoir esquissé et appliqué la gomme réserve sur ma toile, je dois laisser sécher. Je sors dîner, à deux coins de rue. Un resto commun où on trouve de la bouffe chinoise et western (expression couramment utilisée entre expatriés pour désigner tout ce qui est de type nord-américain). J’arrive à commander en chinois, jusqu’à ce que la serveuse se mêle de ma commande et me propose autre chose (parce qu’on se mêle de notre commande assez souvent ici au restaurant), alors là j’ignore ce qui va m’arriver dans l’assiette. La soupe au curry et bœuf (je crois) est très bonne, l’omelette qui l’accompagne aussi. Fiou!

 

Comme je sais que ma toile n’est pas sèche et que j’ai du temps devant moi, je décide d’aller voir un acupuncteur pour une verrue plantaire que je soigne depuis un an, sans succès. C’est à l’hôpital que ça se trouve à ce qu’on me dit. Je m’y rends à pieds, en demandant aux passants en chinois à deux reprises si je suis sur le bon chemin. Il semble que pour les directions, je me débrouille pas mal (j’ai regretté par la suite qu’il en soit ainsi). C’est à peine à deux kilomètres de l’hôtel. En arrivant là, je constate que les infirmières portent une charmante petite coiffe, comme on voit dans les films où l’histoire se déroule dans les années 50. Elles ont aussi un costume similaire. Très gentille et parlant mieux anglais que moi le chinois, l’infirmière qui est à l’accueil me conduit directement au médecin, sans intermédiaire ni diagnostic préalable. L’hôpital est grand, il me semble propre (jusqu’à ce que je découvre le contraire) et surtout, il est vide. Il n’y a personne nulle part. Comme si on venait de le construire et qu’il n’était pas encore ouvert. Sur deux étages, j’ai rencontré quatre personnes, que je présume être des infirmières. Le médecin est un homme d’une cinquantaine d’années. En me recevant, il se râcle la gorge comme tout bon Chinois qui se respecte et il crache dans la poubelle à côté de lui, adossée au mur. En m’assoyant, je vois le mur en question et je vous dis pas le nombre de fois qu’il a dû passer à côté… Enfin! L’infirmière explique ce que j’ai et le médecin regarde mon pied. J’apprends que mon cas n’en est pas un d’acupuncture, mais de laser. J’argumente un peu, réclamant un acupuncteur ou de l’azote puis, finalement, j’abdique, pensant naïvement que le laser dont il était question était le même que celui auquel on a recours pour l’épilation. J’en ai vraiment marre de cette verrue alors je me dis pourquoi pas? Erreur! 270 yuan plus tard, le martyr commençait. Le laser en question ressemblait à un fer à souder et les étincelles qu’il faisait, en brûlant ma peau, étaient bleu, blanc,vert. L’odeur, la boucanne, tout un show! Quand une des infirmières a sorti sa seringue pour geler la zone à traiter, c’est là que j’ai  vraiment réalisé que j’avais mis –c’est le cas de le dire– les pieds au mauvais endroit. Le traitement a duré une heure. J’exagère, non, à peine. Je suis repartie en chaise roulante. Un taxi m’a conduit à l’hôtel. Je vous rappelle que j’étais arrivée à pied. Rien n’arrive pour rien. Ce jour là, j’ai appris comment dire, en chinois, le mot « douleur » : tong.

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