Tranche de vie d’une bénévole en Chine


IMG_2348[1]Tranche de vie aujourd’hui: en allant faire mon bénévolat à Shanghai Family Home, une section privée de l’hôpital pour orphelins où j’ai connu  Wanwan il y a trois mois, mon empathie n’est pas allée aux enfants comme à l’habitude, mais aux employées et surtout envers la directrice, Karen. Elle venait d’apprendre une triste nouvelle. Daniel, un petit garçon de 7 ans qui a grandi dans cette section de l’hôpital venait de recevoir sa 2e opération au coeur. Malheureusement, il ne survivra pas. Il est trop faible, c’était trop pour lui…Karen devait quitter à la hâte, pour aller le voir…mais elle pleurait tant qu’une bénévole et moi l’avions dans nos bras pour la soutenir. Elle n’était pas la seule à crouler sous les larmes…on entendait derrière dans le bureau, d’autres infirmières et aide-assistantes pleurer…

Cette section privée de l’hôpital pour enfants de Shanghai est financée par des fonds privés chinois. Néanmoins, le quota d’enfants versus le montant par tête disponible ne suffit pas à la demande. Dans une semaine, ce sera le 5e anniversaire de Shanghai Family Home; il y aura un encan pour lequel je suis allé porter une de mes oeuvres ce matin. Cet organisme, qui héberge une cinquantaine d’enfants âgés entre le moment de la naissance jusqu`à en moyenne l’âge de 4 ans (Daniel était une exception), accueille des petits venant d’orphelinats situés à l’extérieur de Shanghai. Karen m’a dit un jour: ‘On ne veut pas retourner les petits dans ces conditions minables après leur opération…ce qui nous met plus de pression financièrement.’ Ce qui touche le plus, lorsqu’on passe du temps entre ces murs avec eux, c’est de voir les petits appeler toutes les femmes qui travaillent là ‘maman’. En fait, c’est même choquant je dirais à prime abord. Mais puisque ces petits ont tellement besoin d’amour, de soins et d’attention, pourquoi restreindre ce droit à une seule personne désignée, jusqu’à leur adoption potentielle? Car tous n’y parviennent pas en raison de leurs besoins spéciaux parfois…

J’ai rencontré une nouvelle bénévole ce matin, Mariella. Une espagnole, designer, qui héberge depuis un peu plus d’un an un petit garçon. Elle m’a confié vouloir l’adopter. Elle commence ses démarches…tout comme moi, sauf que dans mon cas, je n’ai eu besoin que de quelques jours pour me décider…le reste est à suivre. J’attends des nouvelles de mon agence d’adoption québécoise avec beaucoup d’impatience.

À travers la peine de Karen ce matin, cette femme courageuse qui a quitté son emploi dans une grosse compagnie pour fonder cet organisme en 2008, avec 9 autres personnes, j’ai senti la résilience. Il en faut pour faire ce métier, accueillir des orphelins malades, leur offrir confort et stabilité, pour les laisser partir ensuite dans la vie, comme dans la mort. Le sourire est revenu sur ses lèvres lorsque je lui ai dit de regarder Wanwan, comment elle est extraordinaire à faire déjà ses premiers pas avec ardeur. Elle m’a dit tendrement ‘merci’…mais c’est moi, qui lui suis reconnaissante.

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