
90X90 cm
Je me souviens lorsque je suis arrivée à Shanghai, en 2008, j’aspirais à vendre mes oeuvres aux Chinois et faire une exposition dans cette mégapole. La question qu’on m’a souvent posée c’est : ‘Pourquoi à Shanghai?’ La réponse est bien simple, c’était mon Everest.
J’avais une peur bleue des grandes villes : Montréal avait déjà été pour moi une cible inatteignable avec son contexte multi-ethnique, le bruit, le traffic, les tours du centre-ville, ses 1.3 millions d’habitants. Multipliez cela par 13 et vous obtenez la cosmopolitaine, l’unique Shanghai et ses 17 millions d’habitants. C’est 68% de la population du Canada, regroupé dans un diamètre de 300km!
J’ai franchi bien des obstacles qui aujourd’hui sont devenus des banalités de la vie de tous les jours, comme prendre mon courage à deux mains pour :
- sortir de chez moi (!)
- aller chez l’encadreur avec mon dictionnaire français-chinois sous le bras
- rencontrer des artistes Chinois avec mon assistante et tisser des liens
Parfois, je tremblais de peur et me perdais en chemin, tellement j’étais étourdie par le tourbillon de la ville. J’ai mis du temps à surmonter cette sorte de phobie que j’avais des grandes villes. Aujourd’hui, je peux en rire, car je vois Montréal comme l’équivalent d’un petit quartier de Shanghai. J’ai vu New-York et je me suis dit ‘Oh, c’est juste ça!’. C’est drôle comme la perception change quand on pousse nos limites plus loin que notre seuil de confort.
Dans toute cette démarche qui vise à surmonter une grande peur, j’ai appris une chose essentielle : le pouvoir du rituel. Un rituel, c’est ce qui nous prépare à quelque chose d’important. Ça nous met en contexte ou ça remet en contexte. Dans le monde du sport, les athlètes ont leur rituel avant une course, avant un match. J’ai développé le mien en kayak d’eau vive, mais je ne voyais pas comment cela pouvait m’être utile en pleine ville. Il fallait simplement faire preuve d’un peu de créativité : mon rituel, à Shanghai, a été de prendre le thé. Avant, après ou pendant une rencontre, ici, on prend le thé.
C’est ainsi que j’ai passé des heures à décrocher de mon stress avec des copines, à faire connaissance avec ma gang d’artistes Chinois, à prendre du temps pour moi, pour respirer. Depuis, ma théière est devenue l’emblème de mon passage ici, un des rares objets fétiches que j’ai acquis en Chine. Je me souviendrai toujours de ce que mon mentor, Peng Mingliang m’a dit, un de ces nombreux jours où nous prenions le thé ensemble : ‘Le succès n’arrive pas du jour au lendemain. C’est un long processus et non une finalité.’ Moi qui cherchait l’Everest pour son sommet, j’ai bien compris aujourd’hui ce qu’il voulait dire. Finalement, on est jamais arrivés.
Bravo pour ton texte Stéphanie, c’est très inspirant.
Merci Richard…ce que tu fais avec tes étudiants aussi!
J’ai visité le site de l’agence Embryo. Génial. Je t’ai envoyé un message.
Donner du sens aux choses… ça manque dans notre société.