La stratégie du courage


Le 15 avril 2010 sera un grand jour pour moi. Les voyages que j’ai faits depuis les débuts des récits « Une Saguenéenne en Chine » et ailleurs dans le monde ont motivé mon blogue. Mais, mon intention première, c’était de partager avec vous mon aventure d’artiste régionale qui part à la conquête du marché international. Plus souvent que je ne l’aurais cru, je me suis retrouvée ailleurs et ça m’était impossible de partager cette dimension, avec profondeur. En effet, quand on visite comme je l’ai fait en 2009 quatre nouveaux continents (l’Afrique, l’Asie, l’Indonésie et l’Australie), qu’on voyage par affaires dans son propre pays et que la notion de « maison » se transpose dans ses bagages à l’étranger, c’est tout un chambardement que ça crée dans une vie. Je me suis remplie d’images, de couleurs, de textures, de sons, d’odeurs et de saveurs en 2009, plus que je ne suis capable d’en digérer au fur et à mesure. Mais j’ai ce privilège de pouvoir transposer le tout dans un nouveau langage. En même temps que j’apprends à parler chinois, j’apprends aussi une autre langue : celle du subconscient. Tout ce que j’assimile à mon insu devient matière à inspiration. Parce que tout va trop vite pour en faire une représentation figurative, parce que, comme être humain je vis le changement à la vitesse Grand V, je me retrouve dans le ressenti, incapable de mettre des mots sur tout ce qui se passe en moi et autour de moi. Donc, encore moins capable de mettre des images dessinées. Les images de mon subconscient n’ont pas la même forme, la pulsion qui motive leur expression est puissante, très puissante. Au début, elle était même épeurante. Ensuite, elle a été déstabilisante. Maintenant, je l’accepte et même plus : c’est devenu comme une drogue, rien de moins. Je suis entrée sans l’avoir prévu dans le monde de l’abstrait. Ce qui n’a pas été sans créer de la résistance et des frustrations. Tout être humain réagit au changement d’abord négativement. Même quand ce changement n’est pas imposé de l’extérieur, qu’il est intrinsèque. Intéressant n’est-ce pas?

J’avais partagé jusqu’ici dans mes expositions et mon site Internet des œuvres qui étaient le reflet authentique de ma vie, jusqu’en 2008 : branchées à la nature, à sa beauté divine et à la lumière. Mon processus créatif s’alimentait des sorties que je faisais en plein air, à mon style de vie. J’ai dû accepter que ce processus évolue et, par conséquent, que j’en fasse de même. J’ai dû briser mes schèmes de pensées, les ouvrir plus grands, pour voir ce que jusqu’ici, je n’avais jamais vu. J’ai dû faire un deuil, non pas en me disant que je ne peindrai plus jamais comme je l’ai fait jusqu’ici, mais en me disant que désormais, je peindrais aussi d’une nouvelle manière, parallèlement ou en alternance. C’est comme si j’avais élargi ma famille. Les toiles figuratives devront maintenant coexister avec les toiles abstraites. Encore mieux, elles doivent faire équipe. Car désormais, l’une n’ira pas sans l’autre.

Le 15 avril sera une journée vraiment spéciale. C’est celle où, pour la toute première fois, je montrerai à mon réseau le fruit de mon cheminement artistique. Une vingtaine d’œuvres qui sont en tous points différentes de mes toiles du passé, car reliées à « mon ancienne vie ». Ormis une seule caractéristique : la lumière. Celle qui donne un spectre de couleurs harmonieuses, celle qui interpelle l’âme…ou le subconscient selon les croyances. Le 15 avril, c’est la date de ma première exposition en Chine. Une exposition que je veux privée, comme un lancement de disque ou de livre. Elle rassemblera les principaux acteurs de mon cheminement, depuis mon arrivée à Shanghai, en décembre 2008. Ce ne sera pas l’Exposition avec un grand « E » que j’avais en tête de faire. Celle-là viendra. Car j’ai une vision. Pour la mettre en œuvre, je dois puiser dans une ressource essentielle : mon courage. La montagne est haute, je l’ai choisie ainsi. Avant d’arriver au sommet, je m’arrêterai à différents « camps de base » pour refaire mes forces, puiser dans mon équipe le soutien nécessaire, recentrer mon intention sur le rêve à atteindre. L’expo du 15 avril, c’est mon premier camp de base. Celui qui dit : « hey, on est en train de monter l’Everest, jusqu’où on va se rendre? »

En visite au Québec pour quelques semaines, je me retrouve dans cette position que j’aime bien qui est celle de prendre du recul sur mes activités en Chine. Dans les allées de la bibliothèque à Montréal-Nord, près de chez ma mère, le décalage horaire me rend zombie. Je me laisse guider sans but précis par le soleil qui plombe à l’autre bout, sur les tables de lecture. Je m’arrête devant celles-ci, à l’extrémité de deux rangées de livres et prend une grande gorgée d’air lumineux. J’atterris dans le monde Québécois, mon monde, mes racines. Depuis mon arrivée, je trouve qu’il est bien déprimant avec ses nouvelles : « Le Québec dans le rouge », les meurtres et les drames, les publicités pour faire manger du yogourt au monde et leur faire prendre leur retraite planifiée dans le plus grand confort. Je ne peux m’empêcher de voir le Québec en parallèle avec mon autre univers, la Chine et dire qu’ici, on a pas idée de la chance qu’on a. Je sais, on a dit ça déjà ailleurs. En même temps, je constate cette vague d’intensité qui jure avec la passivité qu’entraîne la surconsommation. « Québec-Montréal », une série télévisée pour ranimer les ardeurs et faire en sorte que notre peuple ait une « vraie raison » de chialer, comme un exutoire. C’est sain pour un peuple. Nelson Mandela l’a bien compris (écoutez le nouveau filme de Clint Eastwood pour comprendre). Sans oublier la vague de compassion et d’amour pour Haïti, que les Québécois font déferler en appuis multiples et mettant à profit le talent artistique québécois. Juste une question : les arts visuels dans le paysage médiatique québécois, ils sont où?? Je rêve de ce jour où je peindrai non seulement en public comme je le fais parfois, mais devant l’écran, pour que des miliers de téléspectateurs comprennent qu’un artiste-peintre a autant à offrir qu’un chanteur ou un comédien, dans sa performance. En tout cas, moi c’est mon cas, à cause de mon approche artistique : je peins sans pinceau. Enfin, un rêve à la fois…

Bref, je sors de mes pensées et regarde dans quelle section je me trouve. La vie a de ces coïncidences parfois. Je constate avec surprise que cette allée m’attendait : à ma droite, des livres sur l’art. À ma gauche, des livres sur le coaching. Je souris. J’en prends trois, dans la section coaching. Mon focus : comment vendre mes nouvelles toiles? La réponse vient de l’auteur Patrick Mercier et des éditions Eyrolles : La stratégie du courage.


7 bonnes raisons d’adopter la stratégie du courage

J’ai fait du chemin avec mes bouquins. De Montréal à Saguenay, puis d’une activité à l’autre entre amis et avec la famille, j’ai ancré ma décision d’adopter la stratégie du courage. Ma lecture me donne toutes sortes de repères que j’utilise pour alimenter ma démarche. J’y apprends entre autres que Fujio Mitarai, président de Canon a dit un jour : « Quand on nous dit qu’un truc est dingue, on y va. Si on nous dit que c’est bien, à coup sûr quelqu’un d’autre le fait déjà. » En soit, partir en Chine pour accomplir un rêve, celui d’exposer à Shanghai, était une idée totalement farfelue. Je n’avais aucune idée de ce qui allait m’attendre là-bas, de tout le chamboulement intérieur que ça créerait, ni des avantages que ça m’apporterait. C’était bien plus facile de voir ce que, sur le moment, je perdais en faisant ce choix : la présence de la famille, des amis, des revenus quasi assurés, un réseau d’affaires, pour ne nommer que ces exemples. J’ai fait ce choix, non seulement parce que j’avais un rêve, mais aussi parce que j’avais une certaine sécurité. Sur le plan financier, comme sur le plan personnel.

Car le courage, ce n’est pas pour autant l’insconscience. Le courage se démarque lorsqu’à partir d’une vision, un individu, un groupe, une entreprise s’engagent à agir de façon cohérente en accord avec la vision, pour la voir se réaliser. La cohérence est un défi en soit. En effet, comment être cohérent dans l’inconnu? Quand on sort des sentiers battus, qu’on a ni repères ni modèles précis, comment poser des gestes cohérents, en accord avec une vision? La réponse, à mon sens, c’est le coeur. Agir, en restant branché sur le coeur. Ma vision était celle d’une exposition où il y a des centaines de personnes de tous les milieux d’affaires, de toutes nationalités, qui se déplacent pour vivre une expérience : voir des œuvres touchantes, surprenantes, inattendues. Je vois les gens repartir avec mes toiles sous le bras, le sourire aux lèvres, heureux de participer à ma vision et moi, de les inclure à celle-ci. Quoi faire pour que ça se produise ainsi? La liste des mes tâches, je l’ai découverte au fur et à mesure en me posant toujours la question : comment avancer vers le but souhaité, en m’aimant pendant le processus? Pierre Harvey a cette citation qui décrit bien le processus du vainqueur vers la victoire : « La réussite, c’est une succession de petites victoires sur le doute et la facilité ».

Mais qui dit vision courageuse, dit souvent rupture. La majorité des grandes réussites commerciales depuis vingt ans sont régies par cette logique. Qu’est-ce qu’une rupture en terme marketing? Une manière de « casser » constructivement les codes et conventions d’un marché pour mieux émerger, surprendre, faire percevoir sa différence et s’approprier le changement. On peut appliquer cette notion en affaires, comme sur le plan personnel. En créant des œuvres totalement différentes de ce que j’ai présenté et vendu jusqu’ici au Québec, je vais créer cette rupture. D’abord avec mon processus créatif habituel, ensuite avec ma clientèle qui, peut-être, décidera de me suivre ou non. Dans les deux cas, quotidiennement, je vainc le doute et la facilité. Je suis confiante. Car je sais que j’attirerai exactement ceux qui sont intéressés par mon travail, ceux qui ont quelque chose en commun avec ma vision.

Le produit que j’offrirai est soutenu par l’intention d’offrir aux gens une connexion profonde avec leurs émotions et d’entrer dans la double perspective : là où l’on perçoit l’immensité, en même temps que la plus petite particule. Dans ma vision, il y a beaucoup d’amour et de respect envers mon travail, entre moi et mes clients. En fait, ma vision, dans son expression ultime, pour être honnête, c’est que mes œuvres les fasse entrer dans l’ère de la connexion universelle. Celle où toute vie provient de la même source inexpliquée, celle où rien ne se perd, rien ne se crée, tout est en mutation éternelle. Ainsi je veux faire voyager les gens lorsqu’ils entreront dans mes toiles, dans mon univers.

Parce qu’on a le pouvoir de changer la perception qu’on a de soi (je suis bien placée pour le dire, moi qui me considérait nulle dans les sports et qui détient maintenant plusieurs titres de championne canadienne en kayak), ou d’une situation (en compétition, c’est souvent ce que l’athlète doit arriver à faire avant même de prendre son départ), mon but est d’amener les gens à voir au-delà du premier regard, à découvrir dans mes œuvres des trésors cachés. J’espère que vous avez compris que mon but n’est pas de créer des images à mettre bêtement sur les murs pour remplir l’espace, mais de créer une expérience de connexion entre le l’Homme et ses émotions. Nicolas Hayek a lancé en 1983 la célèbre Swatch à partir d’une idée (vision) simple et totalement disruptive : son objectif n’était pas de créer des montres à la mode, mais des accessoires de mode qui donnent l’heure. Cette différence vaut aujourd’hui des milions d’euros : les montres fantaisie sont devenues LA mode. Mais au début, tout le monde lui disait qu’il était fou de lancer la Swatch. Une vision courageuse, c’est décider du futur.

Plus à venir… Surveillez aussi l’entrevue à TVA Saguenay, dans l’Émission La Vie au Saguenay-Lac-Saint-Jean, aujourd’hui à 11h30.

11 réflexions sur “La stratégie du courage

  1. Bravo, tu as tout l’équipement pour l’escalade, si tu le veux et c’est surtout ça l’important.

    À bientôt.

    Donald

    • En effet, c’est bien dit mon cher Donald. L’ascension est commencée! On verra bien ce qu’il y a au sommet. Merci pour ton soutien.

  2. Je reconnais bien mon « idole ». Depuis que je te connais, tu t’abreuve de courage comme un enfant de lait.

    Je mise sur toi.

    À bientôt.

    • Merci les filles pour votre soutien toujours aussi présent, malgré la distance. Je reste aussi avec vous en pensées. Je suis confiante que vous accomplissez au quotidien le meilleur de vous même.

  3. Je viens de t’entendre en entrevue à la radio de Radio-Canada Chicoutimi. La curiosité m’a piqué. Me voilà. J’aimerais voir ce que tu fais de non figuratif. On peut trouver quelque chose sur le web ?

    • Bonjour Michel,

      Tout d’abord, merci pour votre intérêt. Vous vous intéressez à l’art abstrait? Je vous invite à m’écrire directement à artiste@stefanievallee.com. Je publierai mes oeuvres qui seront présentées à Shanghai, à compter du 15 avril à http://www.stefanievallee.com. En me laissant votre adresse courriel, je vous ajouterai à ma liste d’envoi.

      Si toutefois vous avez besoin de plus amples informations avant cette date, je vous prie de me le signaler dans votre message courriel.

      Au plaisir de vous lire!

  4. Chère Stéfanie,

    Ton texte me touche vraiment beaucoup. J’aime tellement te lire. Merci d’être ce que tu es! Au plaisir de te revoir!

  5. Bravo Stéphanie … de nous faire partager ce cheminement passionnant! Tes interrogations et tes doutes te portent c’est fabuleux ..La route est longue pleine d’embûches..mais peu à peu rend visible le sommet …Après la halte du 15 .. tu peux te poser et souffler un peu non ? je t’admire et je t’envie ..tout un programme! Clode

  6. J’admire ton courage, ta lucidité et ton désir de rompre tes habitudes ou à tout le moins de les mettre en veilleuse pour aller plus haut vers le sommet. Ne t’inquiète pas, nous serons nombreux à te suivre vers cette nouvelle vision car tu le mérites. Ton oeuvre passée restera dans nos coeurs et ton oeuvre à venir sera un éblouissement j’en suis sûre.

    • Bonjour Midofa,

      Merci pour ton soutien moral et la perspective de futur que tu m’offres. Un pas à la fois, je me rendrai au somment.
      À chacun son Everest.

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