Yann et moi on a magasiné mes meubles pour que je puisse travailler de la maison et un matelas. On a trouvé un mobilier de bureau neuf qui me convenait parfaitement et un matelas qui répond aux standards nord-américains de confort, car le bambou, c’est pas le pied pour dormir. Comment passer à l’achat?!
On doit considérer la livraison, car on a pas de voiture ici. C’est Mme Qiao qui est revenue avec moi, le lendemain, pour négocier (car on négocie tout ici) et s’occuper des menus détails. La négociation a duré 20 minutes : elle avait tout les airs d’une engueulade. Je ne comprenais pas un mot mais l’expression dans les gestes et la voix disait tout : « t’es tu malade? Si tu penses qu’on va payer ce prix là! C’est juste un petit mobilier bas de gamme, ça pas pentoute la valeur que tu dis que ça a. Si t’es pas capable de baisser ton prix, on s’en va! Tu mérites même pas qu’on perdre notre temps ici! » Bien entendu, j’interprète le tout, à partir de ce que j’ai vu et entendu dans le ton de la discussion. J’en suis venue mal à l’aise. J’ai essayé d’interrompre Mme Qiao pour lui dire « vous savez, c’est pas grave, on va le payer 300$ et puis tout le monde va être contents»! Non mais c’est gênant une scène pareille quand tu sais que le prix demandé est tellement plus bas que ce qu’on payerait pour la même affaire au Québec. Mais comment lui dire?
Je ne m’attendais pas à une scène aussi enflammée et aussi longue, pour finalement rien parce que la pauvre vendeuse a fait deux téléphones et le prix n’a pas bougé d’un iota. J’ai donné un accompte équivalent à 20% de la somme totale à payer. Mme Ciao m’a fait signe : on s’en va. Je devais aller chercher le reste de l’argent à la banque. On ne paye rien à crédit à Dalian. Après être passée au guichet, je m’attendais bien à ce qu’on retourne au magasin pour finir de payer la facture et arranger les détails de la livraison. Mais non! On est retournées chez moi. Aucune idée de ce qui se passait ici. En arrivant dans le stationnement de l’édifice où je reste, j’ai tout compris et je suis partie à rire sans pouvoir m’arrêter : sur une mobilette à trois roues, m’attendait mon matelas bien emballé et dans une charrette derrière elle, mon mobilier de bureau. Tiens toé comme on dit par chez nous! C’est fou comment les références sont différentes. J’ai cru bêtement qu’un camion de Tanguay viendrait me livrer ça chez nous, à l’heure que j’aurais décidé. Eh non! J’ai fini de payer les meubles sur place aux livreurs, il y a eu un autre épisode de négociation parce que les meubles avaient été légèrement grafignés. Celui-là a duré une heure trente. Sans blague. Une fois l’escompte obtenu, le calme est revenu (merci à Mme Qiao qui, même si je n’en pouvais plus de l’entendre, a tout d’une personne tellement adorable). Bilan : l’achat de mes meubles a commencé à 9h le matin et s’est terminé à 14h. Ne me demandez pas où le temps est passé cette journée là en dehors de ce que je vous ai raconté, je n’en sais rien. J’ai voulu payer le dîner à Mme Qiao pour la remercier, mais c’est elle qui m’a invitée finalement. Avec elle, j’apprends le mandarin. Elle est d’une grande disponibilité, d’une générosité sans borne et je la soupçconne en quelque part d’avoir, c’est peu dire, du sang latin!
allo ma très chère Stéfanie, ma chinoise préférée, c’est génial de te savoir dans un si grand pays et avec ton art que tu maîtrise davantage, est-ce que l’on va te revoir au Québec sous peu
ton admirateur, gilles belley gilles.belley@hotmail.com
Allo Gilles,
Merci pour ton appui! Je serai au Québec en août, de passage pour quelques ateliers et conférences. J’espère que ton art à toi aussi avance bien. Le raku c’est magnifique. Surtout le tien. Lâche pas!